Benoît Cheyrou sait qu'il a une carte à jouer au sein de l'équipe de France, à qui il manque toujours un milieu capable de se projeter vers l'avant.
Bien sûr, Benoît Cheyrou n'est pas certain de jouer mercredi contre l'Espagne. Absent du barrage contre l'Irlande, Jérémy Toulalan devrait récupérer sa place tandis que Lassana Diarra, mis sous pression récemment au Real Madrid, sera conforté contre des joueurs qu'il connaît bien. Mais la présence du joueur de l'OM dans le groupe France, à trois mois de la Coupe du monde 2010, a suscité un intérêt proportionnel à une longue attente, celle qui a vu des joueurs comme Mavuba, Diaby, Flamini ou Sissoko lui passer devant, sans parler de Vieira, auquel une place semble réservée s'il rejoue régulièrement. Qu'il évolue à Marseille n'explique pas tout de cette curiosité. Depuis que Vieira a flanché, la France est a la recherche du milieu qui saura faire la transition entre la récupération et l'attaque, enclencher le mouvement et peser face au but. A Marseille, Cheyrou pèse cette saison 8 buts et 5 passes décisives en 35 matches toutes compétitions confondues. Il est gaucher. Le seul parmi les milieux et les attaquants avec Malouda. "Et j'ai aussi un pied droit." rassure t'il.
Pendant 120 minutes cet automne, Raymond Domenech a vu ce que Moussa Sissoko pouvait apporter en impact et en force de pénétration. Si Cheyrou honore sa première sélection, c'est sa justesse technique et son métier qui pourraient militer pour sa présence en Afrique du Sud. "Marquer, en football, c'est important même pour un milieu de terrain, mais ce n'est pas mon rôle, calme t'il. Au milieu, tout est histoire de complémentarité et de choix de l'entraîneur. Je suis peut être plus relayeur que récupérateur. On m'a pris pour ce que je sais faire.". On insiste, justement, sur sa capacité à faire la liaison: "Il faut sentir les coups, j'ai progressé aussi là dessus. Il est essentiel d'avoir une bonne connaissance des partenaires pour pouvoir réagir en fonction de leurs mouvements. Mais je suis capable aussi de me plier aux consignes défensives d'un entraîneur, suivant le système de jeu.".
Celui del'équipe de France (4-2-3-1) n'est pas le même que celui de l'OM (4-3-3), et Cheyrou admet que l'organisation olympienne a contribué à son efficacité. "Depuis le début de ma carrière, j'ai plus souvent joué à deux milieux axiaux que trois comme cette année, précise t'il. A la limite, c'est plus nouveau pour moi de jouer avec trois milieux. Pour participer offensivement, il faut de la sécurité. Partir à l'abordage et prendre des contres, ça ne sert à rien, je l'ai vécu à Marseille, où l'équipe était souvent coupée en deux à une époque. On se prenait plus de buts en contre qu'on n'en marquait, et c'est difficile de reprocher aux milieux défensifs de moins participer dans ces matches.".
Convoqué à cet instant de la saison, Cheyrou se dit obligé de penser à la Coupe du monde 2010. Une présence dans les vingt trois, dans deux mois, lui permettrait sûrement de dépasser son grand frère Bruno, qui avait reçu trois sélections entre 2002 et 2004. "Son expérience peut me servir pour profiter du moment présent, car on ne sait jamais si on sera rappelé, témoigne Benoît. Avoir un grand frère qui est passé par des hauts des bas, c'est enrichissant, ça sert d'exemple. Il m'a déjà dit que le regard des gens allait changer, qu'on allait attendre plus de moi, qu'il y avait un nouveau statut à assumer.". Ils en reparleront à Chypre, cet été, où Bruno a signé cet hiver. Reste à savoir si ce sera début juin ou mi-juillet.
Mar 2 Mar - 16:00
